Le métier de manager gagne en complexité. On a souvent reproché en France une tendance à promouvoir des profils techniques aux postes d’encadrement, sans prêter attention ni à leur appétence pour ce type de responsabilités, ni aux compétences réellement requises. Comme si guider une équipe était une récompense et ne nécessitait pas de travail particulier. Pourtant, de nombreux collaborateurs quittent leur entreprise suite à une mauvaise entente avec leurs managers. Première cause de désengagement et de turn over, le rôle des RH se tourne de plus en plus vers l’accompagnement des managers dans le développement des bonnes aptitudes pour aligner leur encadrement sur les valeurs de l’entreprise.
Dans une interview de mars 2022 pour la Harvard Business Review, Linda Hill, Professeure d'administration des affaires à la Harvard Business School, souligne qu’il est de plus en plus demandé aux leaders de développer des compétences comportementales qui permettent d’aborder le business par le prisme d’un monde en constant changement. L’accent est donc de plus en plus mis sur les qualités comportementales et les soft skills.
Quelles compétences managériales reviennent le plus souvent dans le top 5 ?
Les compétences managériales les + importantes sont l'empathie dans la communication, la délégation basée sur les atouts et appétences individuelles, la pédagogie avec laquelle diffuser la stratégie, et démontrer une faculté de remise en question pour s'adapter et motiver les équipes.
Développer les compétences communicationnelles
Comment mobiliser une équipe fragmentée géographiquement ? Comment assurer une cohésion de groupe, favoriser une ambiance de travail saine, alors que chaque salarié est seul derrière son écran, chez lui ? Comment accompagner les collaborateurs lorsque l’entreprise fait face à un changement majeur ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles doit savoir répondre le manager à l’ère post-Covid. Des interrogations qui constituent autant de challenges. Et pour relever chacun de ces challenges au quotidien, une faculté clé revient invariablement : la communication et son adaptation à des interlocuteurs multiples.
Ce besoin est d’autant plus prégnant que le manager fait le lien entre ses collaborateurs et la direction, la dimension hybride ou 100% distancielle des équipes y contribue aussi.
Savoir communiquer englobe en réalité de nombreuses compétences liées au relationnel : écoute active, être capable de faire un feedback constructif, l’empathie, l’intelligence émotionnelle…
Ajoutons que l’implication des managers dans la diffusion des informations "corporate" passe par une communication claire et structurée de la part de l’entreprise et des services RH au global.
Savoir déléguer pour engager
Une fois de plus, être capable de déléguer est une compétence clé des managers. Le micro-management est une pratique qui irrite de plus en plus les collaborateurs. Il arrive que la demande de proximité des collaborateurs à leur responsable soit interprétée et se traduise par un contrôle étroit du travail des talents. Par conséquent, cette attitude peut être ressentie comme un manque de confiance en leurs capacités et aboutir à une diminution de la motivation des équipes. De plus, un manager doit avoir conscience de ses limites. Mais cela passe aussi par accepter que les choses ne soient pas faites totalement à sa manière.
Déléguer implique de bonnes qualités communicationnelles dans un premier temps. Mais il faut également être capable de bien identifier les atouts et axes de progression de chaque collaborateur pour mieux déterminer lequel est le plus apte à effectuer les tâches concernées ou à participer à un projet multidisciplinaire.
Pour en savoir plus, lisez l’article dédié à la répartition des tâches.
Avoir une vision globale et stratégique
Dans un monde changeant et toujours plus rapide, les managers doivent avoir en tête la vision à long-terme de l’entreprise. Un manager doit être capable d'expliquer, de clarifier la vision de l’entreprise aux yeux de son équipe. C’est indispensable pour répondre attentes des talents, cultiver la culture de transparence, aligner les équipes et définir des objectifs clairs. Les nouvelles attentes des collaborateurs sont résumées dans notre Page “les stratégies gagnantes pour gérer les collaborateurs”.
Prendre des décisions mûrement réfléchies, planifier en amont vos actions, permet de gagner du temps et de la productivité en ayant une direction claire. Le manager pourra réfléchir plus sereinement, contrairement à une prise de décision précipitée. Cela augmentera également la motivation pour participer à la performance d’entreprise, tout en offrant plus de temps pour se former, revoir ses stratégies et progresser. Le responsable d’équipe pourra observer et analyser les indicateurs clés de performance (KPI, chiffre d'affaires, etc.) à partir de données RH fiables et ainsi améliorer la performance.
Démontrer une faculté d’adaptabilité
La période de changements continus actuels conduit les managers à accepter des échéances toujours plus courtes, leur capacité d’adaptation est mise à rude épreuve. En effet, les entreprises sont constamment impactées par les avancées technologiques, numériques, mais aussi de nouvelles pratiques plus responsables. Ces changements entraînent la création de certains métiers et la disparition d'autres. De nouveaux outils émergent tandis que d'autres deviennent obsolètes. Dans un monde en constante évolution, il est primordial de se former régulièrement, de faire preuve de flexibilité et de savoir s'adapter aux changements.
La pandémie a engendré de rapides évolutions dans notre environnement, obligeant les salariés et les entreprises à se conformer aux mesures gouvernementales et aux perturbations économiques. Le télétravail, l'utilisation de nouveaux outils numériques, les nouvelles méthodes de travail, le chômage partiel, les nouvelles tâches et missions (telles que la production de masques en tissu ou de gel hydroalcoolique) ont nécessité une adaptation rapide pour faire face à l'urgence.
L'adaptabilité et l'agilité sont des qualités clés en cette période de ralentissement économique, qui pourrait se prolonger sur le long terme. Il est crucial de savoir se réinventer, d’accepter la nouveauté et la remise en question. Dans certains domaines, cela peut impliquer de se former et d'acquérir de nouvelles qualifications professionnelles. Dans cette optique, la curiosité est également une habileté très recherchée.
Nous assistons à un "blues des managers intermédiaires", selon Philippe Silberzahn, cette population est la "mal-aimée" de l'entreprise. Le débat reste ouvert, pour autant 65% d'entre eux se dirigeraient volontiers vers d'autres rôles (entrepreneurs, expertise, ...) selon BCG. Nous avons organisé un Webinar afin de trouver les clés pour réenchanter ce rôle :
Être capable de motiver les membres de son équipe
Cette dernière compétence est évidemment liée à d’autres citées précédemment. Dans une période où la recherche de leviers de motivation se généralise dans le monde du travail, comment les managers, à leur échelle, peuvent-ils favoriser l’engagement des collaborateurs lorsque seulement ¼ d’entre eux se disent heureux au travail ? Une équipe motivée est plus susceptible de se concentrer sur les objectifs de l'entreprise et de travailler ensemble de manière efficace pour les atteindre. Quels sont les moyens des managers pour impliquer des équipes ?
Les leviers pour impliquer leurs équipes sont nombreux :
- Cultiver une culture de la reconnaissance.
- Être capable de faire des commentaires constructifs sur le travail effectué est essentiel, en développant une habitude du feedback qui permette de challenger et de rendre autonome.
- Encourager le développement professionnel en offrant des formations et des possibilités de carrière, ainsi que des récompenses pour les accomplissements. Ils sont un moteur indispensable pour la mobilité interne par exemple.
- Créer un environnement de travail positif et en prenant en compte les idées et les commentaires de chacun.
- Établir des objectifs clairs et communiquer régulièrement sur les progrès de l'équipe.
- Encourager une curiosité pour l'apprentissage et de développement collaboratif.
Découvrez comment mesurer la motivation de vos équipes.
Nombreuses sont les compétences qui semblent, à première vue, innées. C’est plus une croyance qu’autre chose d’après Linda Hill. Un responsable a des prédispositions à encadrer et se fondre dans un style managérial adapté à la société, mais une partie importante se fonde sur l’apprentissage. L’entreprise, comme les services RH, peut aider à développer ces différentes facultés en mettant en place du coaching, des programmes d’accompagnement et ainsi infuser les savoir-être alignés avec le type de management privilégié dans l’organisation.